29/10/2013
Il faut lire d'urgence le dernier Brigitte Giraud
Je viens de refermer « Avoir un corps », le dernier roman de Brigitte Giraud. La première réflexion qui me vient est qu’il ne suffit pas de se fier au titre pour acheter ou ne pas acheter un livre. « Avoir un corps » ne me disait rien qui vaille, et je serais passée à côté de ce livre magnifique si je n’avais pas vu Brigitte Giraud à la Grande Librairie. Elle m’a plu, ce qu’elle disait de son livre m’a plu et je l’ai acheté. J’ai bien fait.
Je viens de le refermer, disais-je, et je reste sonnée. Je dirais bien bouleversée, si je ne détestais pas ce mot pour ce qu’il évoque en moi de pathos et d’hystérie. Sonnée, donc. Le point de vue adopté est très séduisant : raconter sa vie depuis l’enfance par le prisme unique du corps. Les vêtements de fille qui empêchent de jouer vraiment, les chaussettes qu’il faut remonter pour avoir l’air convenable, les boutons de la scarlatine qui isolent du monde, le refus de devenir une usine à enfant… C’est intelligent, très sensible et particulièrement bien écrit. Et puis à la fin, le deuil, la douleur, toujours par le prisme du corps et lui seul : perte du goût, de l’appétit, du sommeil, perte de la densité, et plus tard la vie qui revient par l’odeur du café dont on redécouvre l’existence et le premier chili con carne qu’on se surprend à cuisiner. Des détails ? Loin de là. La charge émotionnelle traverse le papier comme l’eau le buvard et on se retrouve… j’allais dire bouleversé. Le texte le plus fort que j’aie lu ces derniers temps.
Si vous êtes une femme, lisez-le, il vous parlera comme à une sœur. Si vous êtes un homme, lisez-le aussi, vous découvrirez ce qu’est la vie dans un corps de femme. Vous êtes un homme écrivain ? Ecrivez-vite le pendant masculin de ce livre, je suis impatiente.
16:04 Publié dans Billets | Tags : giraud, corps, chambrot | Lien permanent | Commentaires (0)