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12/07/2015

Se taire ou pas : un uppercut littéraire

Isabelle Flaten écrit avec la puissance d'un boxeur poids lourd : ses mots sonnent à l'estomac, directement. J'avais été mise KO par la lecture des Empêchements (2012), ébranlée par les Noces incertaines (2014), me voilà définitivement au tapis avec son dernier livre, Se taire ou pas.

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Surtout ne pas se méprendre : je parle de l'effet que ses mots font au lecteur, pas de la manière dont elle les écrit. Parce que sur ce point, c'est la justesse, la finesse, la beauté des phrases ciselées au millimètre qui frappent.

Il ne se parle plus qu'à lui-même, parce qu'avec les autres c'est trop difficile. Ils cherchent des noises à son vocabulaire, des double sens à ses propos, alors que pas du tout.

Comme dans les Noces incertaines, Isabelle Flaten explore ici les silences et la difficulté de dire. Mais sous une forme différente : elle nous livre un passage en revue de situations où communiquer s'avère impossible, dangereux ou inutile.  Promesses non tenues (Une parole ne vaut qu'à l'instant où elle est prononcée.), lapsus entraînant le ricanement, rupture et départ, secret de famille… Une galerie de portraits anonymes dessinés par les silences, les non-dits, les paroles empêchées, celles qui restent en travers de la gorge, celles qui ne veulent pas sortir, celles qui sortent mais tout de travers ou au mauvais moment. Les mots comme une arme (plus rarement un baume), qui peut nous revenir en boomerang. Il y a des mots qui tuent, surtout quand ils sont lâchés comme des chiens.

De silences spongieux en cyclone salivaire, de sourires de faussaire en allure mensongère, Se taire ou pas nous entraîne dans un voyage sans concession au pays des syllabes infranchissables, et le voyage est magnifique.

Se taire ou pas, aux Editions du Réalgar , toujours aussi belles

20/12/2014

Les Noces incertaines

Lorsque je choisis un livre, je procède toujours plus ou moins de la même manière: je passe ma main sur le papier, je lis le titre, jette un oeil sur la quatrième de couverture puis lis une ou deux pages au hasard. Si ça me plaît à toutes les étapes, je prends.

Avec Les Noces intertaines d'Isabelle Flaten, le plaisir est partout : le beau papier caressant la main qui l'effleure, le titre poétique, la quatrième de couverture qui évite tout racolage, et les peintures de Jean-Luc Brignola que l'on découvre ici ou là, parfois au milieu. On découvre aussi les belles Editions du Réalgar.

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Mais surtout, il y a le texte maintenant lu, depuis son début jusqu'à sa fin, sans lâcher, sans respirer parfois, tellement il sonne à l'estomac. Une histoire douce-amère, l'amour encore possible, peut-être, malgré l'âge qui vient et le non-dit qui obscurcit. Une observation sans concession des rapports amoureux et surtout des silences qui les émaillent.

"Mais peut-être est-ce par frousse qu'ils évitent de faire des phrases, ou encore par débine parce qu'ils le savent, il y a des risques, les mots sont sournois, dissimulés les uns derrière les autres, capables sur un coup de tête ou sur un coup de coeur de jaillir bien trop loin ou bien trop fort dans un propos intrépide, irrattrapable parfois, dont l'empreinte scelle à jamais une relation pour le meilleur ou le pire."

Oui, une langue magnifique, que je ne peux vous faire partager qu'en citant des passages du livre d'Isabelle Flaten, mes mots peinant par trop à parler des siens.

"Mais le mensonge est une saison morose où tout se referme, les flétrissures dans leur coquille et les paupières sur la laideur des choses."

Merci Isabelle, le voyage était merveilleux.