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19/05/2015

Des nouvelles de Michel Houellebecq

La vie n'est pas un long fleuve tranquille pour Michel Houellebecq ni pour ceux qui aiment son travail : une pièce de théâtre, tirée des Particules élémentaires, vient d'être retirée de la programmation du festival de Dubrovnik. Les organisateurs craignent des attentats. Le réalisateur se désole : "Cet acte de censure est en fait un ordre intimant à renoncer à utiliser l'intelligence".

Dans le même temps, Houellebecq donne une interview à la chaîne flamande VTR. On le voit avec meilleure mine, un peu remplumé, un peu mieux coiffé mais transpirant sous les spots dans sa parka noire. Il semble au comble d'une lassitude agacée : il écourte l'interview, dit qu'il arrête la promotion de Soumission, les médias anglo-saxons pourront se brosser. En néerlandais, le livre s'intitule Onderworpen.

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01/03/2015

Note transalpine

Je vois que l'intérêt de mes visiteurs pour la question s'épuise, c'est bien normal, il y a tant de livres à lire. Alors cette fois-ci c'est la dernière, je promets. Juste pour signaler deux articles intéressants et qui ont peu circulé : ce serait dommage de les avoir manqués.

Un article intitulé "Michel Houellebecq, précis de décomposition" dans Grand Genève Magazine, auquel vous n'êtes pas abonné, je le pressens. L'auteur, Marc Alpozzo, approche au plus près le travail de Houellebecq, sans idolâtrie ni détestation. Un avis objectif et argumenté, ça fait du bien. A noter que le "Blog critique et métaphysique" de M. Alpozzo vaut le détour lui aussi.

Et pour ceux qui lisent l'italien, un article paru dans l'Indice, excellent magazine littéraire : "L'autodistruzione di una società" par Andrea Bianchi.

Voilà. Au revoir Monsieur Houellebecq, on se revoit dans trois ou quatre ans, lorsque vous sortirez votre prochain livre. Y travaillez-vous déjà ?

 

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17/02/2015

Dans toutes les langues ou presque

Un mois après sa sortie, Soumission de Michel Houellebecq est en tête des ventes dans trois pays en même temps : en France, en Allemagne et en Italie. Du jamais vu selon son éditeur français Flammarion.

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L'occasion de jeter un oeil sur les différentes couvertures du livre chez nos voisins européens :

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Choix qui ne laissent pas de m'intriguer : une sorte de rat ? un pigeon ? Il va falloir que je relise le livre, parce que là, je ne vois pas …

Sur le site de l'éditeur allemand Dumont Buchverlag, un post malicieux d'un lecteur :  "Je suis Houellebecq".

Sur un site italien, un article d'Alessandro Baricco consacré à Soumission, et qui ne l'épargne guère. Selon Baricco, le roman est la fusion de trois "sous-parties", un roman de politique fiction, le récit du déclin personnel d'un universitaire et un essai sur Huysmans. "Cette fusion n'est pas réussie" dit Baricco.

Cher Monsieur Baricco je vous pardonne car vous avez écrit un chef d'oeuvre que j'ai relu cent fois au moins , Soie en français, Seta en italien.

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Si vous n'avez pas encore lu ce petit bijou, délicat comme une miniature, précipitez-vous ! Rien à voir avec Houellebecq, pour ceux qui auraient des réticences : je suis coutumière du grand écart dans mes goûts littéraires.

06/02/2015

Un petit dernier ?

J'avais promis dans mon billet précédent de ne plus vous parler de Michel Houellebecq. Or, en regardant les statistiques de fréquentation de ce blog, je m'aperçois qu'il a atteint en janvier des records de consultation : c'est que le sujet vous intéresse !

Je reviens donc sur ma promesse, pour vous proposer un lien vers un intéressant débat intitulé "Houellebecq mérite-t-il son succès ?" entre un journaliste de l'Obs et un autre du Figaro Magazine. Devinez lequel le défend et lequel le pourfend ?

Houellebecq étant assez inclassable politiquement (certains le placent économiquement à droite, socialement à gauche, d'autres le disent moralement à droite, économiquement à gauche…), il est intéressant de constater que ce sont souvent des journalistes de gauche qui l'apprécient et des journalistes de droite qui le détestent…

A lire aussi, un article complet et passionnant sur le site de La Cause Littéraire, intitulé "Soumission, ou le mauvais rêve de Michel Houellebecq" qui explique notamment pourquoi la seconde partie de Soumission n'est pas très vraisemblable : les innovations sociétales mises en place par la "Fraternité Musulmane" se heurteraient à la Constitution française. Il y a là matière à un autre débat littéraire : pour qu'elle soit bonne, et acceptée par le lecteur, la fiction doit être vraisemblable. Serait-ce là le premier défaut que je trouverais au roman de Michel Houellebecq ?

J'y avais aussi noté quelques faiblesses stylistiques surprenantes (répétitions, tournures à la truelle), semblant indiquer que personne chez Flammarion ne relit les manuscrits de MH ? Mais cela fera l'objet d'un autre billet, si ça vous intéresse.

Voilà, j'ai fait ma crise d'honnêteté intellectuelle, je me sens mieux.

 

27/01/2015

Ouf, la critique littéraire reprend ses droits

La sortie de "Soumission" de Michel Houellebecq a été précédée et accompagnée par une polémique artificielle, alimentée par des journalistes politiques et plus largement des médias ravis de l'aubaine, mais qui manifestement n'avaient pas lu le livre. La rumeur selon laquelle le roman serait "islamophobe" a fait trois fois le tour de la planète.

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Heureusement, les vrais critiques littéraires publient maintenant leurs chroniques et l'on parle ENFIN du livre comme d'un roman, et non plus comme d'un essai vaguement zemourien.

Je vous recommande cet excellent article de Mathieu Bock-Côté sur lefigaro.fr. On y lit entre autre un paragraphe qui, selon moi, devrait mettre fin à la polémique : "Mais on ne fera pas l'erreur d'assigner à Houellebecq un programme politique. Il ne lutte pas contre le monde qu'il annonce, non plus qu'il se braque contre lui. Il se contente de le décrire, avec un génie fascinant, celui du grand écrivain."

La chose la plus intelligente à faire reste de lire le livre et de se faire une opinion personnelle. Pour rester dans l'esprit des semaines que nous venons de vivre, je vous livre cette réflexion : la liberté d'expression est un droit pour l'émetteur d'un message, et l'exercice d'un esprit critique devrait être un devoir pour celui qui le reçoit.

Certains d'entre vous doivent se dire "Cinq billets de suite sur Houellebecq, c'est de la monomanie !" J'avoue, j'admets, j'assume : Houellebecq me fascine et les polémiques autour de lui me hérissent. C'est bien avec l'idée présomptueuse de "réparer" que j'ai écrit La Bonne Distance : si vous détestez Houellebecq, lisez-moi et nous en débattrons, si vous le souhaitez, et avec plaisir. En tout cas, c'est promis, la prochaine fois je vous parle d'autre chose.

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