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05/05/2015

Coup de coeur, absolu coup de coeur

C'est toujours très excitant d'avoir une vraie surprise, de découvrir un bijou littéraire, presque par hasard. Je viens de terminer Devance tous les adieux, d'Ivy Edelstein, un premier roman magistral.

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Il n'y a que de belles et bonnes raisons d'aimer ce texte, je vous les livre comme elles me viennent :

- le titre, emprunté à Rilke

- la nouvelle collection Points Vivre, des livres imprimés avec amour, beau papier, belle couverture

- la préface de Christian Bobin :  Christian Bobin a aimé ce livre, j'étais sûre de l'aimer aussi

- le sujet : presque trente ans après, l'auteur nous parle du suicide de son père, "L'un de ces hommes qui veulent être plus heureux que Dieu ne l'a prévu." Il déroule dans le désordre la pelote des souvenirs, sans aucun pathos, avec au contraire une belle gravité : "aucun mort ne retire rien à la splendeur du monde". Il nous parle des rapports père-fils, mais aussi des champs de colza au soleil, de Victor Hugo et Nicolas Fouquet, et de la vie qui continue.

- l'écriture : un travail sur la langue magnifique, avec des figures de style ciselées (une barbe vexée), des expressions hors des sentiers visités et revisités (le coeur ballant)(la gorge nouée de mille noeuds de malheur) (un soleil judéo-berbère), des images fortes (il me salue comme on laisse un prisonnier au parloir) (l'homme-flic se jette dans ma chambre comme un bandit dans un coffre-fort), et des phrases dont aucun mot en trop ne dépasse : "Sur une plage fournaise, cet été-là dans le nord de l'Italie, avec ma fille et ma femme, j'ai quarante ans."

Précipitez vous chez votre libraire favori, il ne faut pas manquer la lecture de ce diamant noir.

Devance tous les adieux, Ivy Edelstein, Points Vivre 2015, 108 p, 8,70 euros

03/05/2015

article paru, article à paraître

Dans le Lorraine Magazine #49, un long et très bel article de Pauline Creusat, à lire dans le magazine papier si vous êtes lorrain, sur la page FB du magazine ou sur leur site si vous êtes d'ailleurs. Le titre, "Eve Chambrot, la discrète", me fait plaisir (c'est de mon point de vue un compliment) mais donne par extension un écho à mes impatiences :  quand arriverai-je à toucher un lectorat plus étendu ? Patience… Patience… Patience encore… 

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J'en profite pour vous annoncer la parution au mois de juin d'un article, que j'ai écrit cette fois, dans le numéro 253 de la revue Fluvial : vous saurez tout sur les beautés du canal des Houillères de la Sarre et sur le quotidien d'un voyage de six jours à bord du Kaïros. Patience… Patience toujours…

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Pendant ce temps-là , je me languis : un roman en attente de réponse éditeur, un deuxième qui se bouscule au portillon, un troisième que je peaufine encore. Pas de salons cette année, pas de sortie de livre, un temps de solitude et de retrait plus long qu'à l'ordinaire. Patience.

01/04/2015

Bilan normand

Il y a dix jours exactement, j'étais au Salon du Livre de Paris pour présenter mon deuxième roman, La Bonne DistanceUn grand merci à mon éditeur et à son équipe, qui se sont démenés pendant quatre jours pour exister dans cette immense foire du livre. 

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C'était la première fois que je me rendais dans ce temple de la consommation littéraire : impressionnant. A 15h00, au dehors, une queue de cinquante mètres de long au moins : il y a encore des lecteurs. Je n'épiloguerai pas sur le fait qu'aucun ne s'est arrêté devant moi… Jean Birbaum en parle ici très bien et cela m'évite de me plaindre : nous étions nombreux à ne pas être mieux lotis.

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En revanche, une belle rencontre avec Régis Jauffret qui dédicaçait son dernier ouvrage Bravo (Seuil). J'ai eu le plaisir de parler avec lui quelques minutes, délicieuses et inoubliables.

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Je n'ai pas encore lu Bravo et j'en parlerai ici dès que cela sera fait. En attendant, je ne peux que vous conseiller de jeter un oeil sur cet auteur si vous ne le connaissez pas encore : un style magnifique, au service de névroses diverses, particulièrement décapantes : hantise de la mort et du vieillissement notamment. Son meilleur roman à mon avis : Claustria dont j'ai déjà parlé dans une note plus ancienne. Un texte oppressant dont il avoue lui-même avoir eu beaucoup de mal à émerger.

Quelques lignes que Régis Jauffret nous offre en préface à Bravo : "Avec l'enthousiasme des désespérés, je continuerai à écrire tant qu'il me restera des mots. J'en ai des silos remplis jusqu'à la gueule et je ne me rendrai pas avant des les avoir dégoupillés jusqu'au dernier".

C'est ce que je vous souhaite, Monsieur Jauffret, ainsi qu'à vos lecteurs, n'en déplaise à Aymeric Caron, tentant samedi dans On n'est pas couchés, de démontrer la supposée faiblesse de votre style en comptant le nombre d'occurences du mot "comme" dans votre texte. Pitoyable façon de parler littérature avec l'un des plus puissants auteurs français contemporains…

01/03/2015

Note transalpine

Je vois que l'intérêt de mes visiteurs pour la question s'épuise, c'est bien normal, il y a tant de livres à lire. Alors cette fois-ci c'est la dernière, je promets. Juste pour signaler deux articles intéressants et qui ont peu circulé : ce serait dommage de les avoir manqués.

Un article intitulé "Michel Houellebecq, précis de décomposition" dans Grand Genève Magazine, auquel vous n'êtes pas abonné, je le pressens. L'auteur, Marc Alpozzo, approche au plus près le travail de Houellebecq, sans idolâtrie ni détestation. Un avis objectif et argumenté, ça fait du bien. A noter que le "Blog critique et métaphysique" de M. Alpozzo vaut le détour lui aussi.

Et pour ceux qui lisent l'italien, un article paru dans l'Indice, excellent magazine littéraire : "L'autodistruzione di una società" par Andrea Bianchi.

Voilà. Au revoir Monsieur Houellebecq, on se revoit dans trois ou quatre ans, lorsque vous sortirez votre prochain livre. Y travaillez-vous déjà ?

 

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17/02/2015

Dans toutes les langues ou presque

Un mois après sa sortie, Soumission de Michel Houellebecq est en tête des ventes dans trois pays en même temps : en France, en Allemagne et en Italie. Du jamais vu selon son éditeur français Flammarion.

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L'occasion de jeter un oeil sur les différentes couvertures du livre chez nos voisins européens :

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Choix qui ne laissent pas de m'intriguer : une sorte de rat ? un pigeon ? Il va falloir que je relise le livre, parce que là, je ne vois pas …

Sur le site de l'éditeur allemand Dumont Buchverlag, un post malicieux d'un lecteur :  "Je suis Houellebecq".

Sur un site italien, un article d'Alessandro Baricco consacré à Soumission, et qui ne l'épargne guère. Selon Baricco, le roman est la fusion de trois "sous-parties", un roman de politique fiction, le récit du déclin personnel d'un universitaire et un essai sur Huysmans. "Cette fusion n'est pas réussie" dit Baricco.

Cher Monsieur Baricco je vous pardonne car vous avez écrit un chef d'oeuvre que j'ai relu cent fois au moins , Soie en français, Seta en italien.

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Si vous n'avez pas encore lu ce petit bijou, délicat comme une miniature, précipitez-vous ! Rien à voir avec Houellebecq, pour ceux qui auraient des réticences : je suis coutumière du grand écart dans mes goûts littéraires.